Les missions jésuites au 18ème Siècle - Histoire Bolivie

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Les missions jésuites au 18ème Siècle
     
 

La conquête de l'orient n'était pas chose aisée. Une grande partie de l'exploration de ces territoires hostiles avait été faite au 17ème siècle, mais c'est au 18ème siècle que s'affirment politiquement et socialement les missions et que se réalise la conquête des terres bordant les limites avec les territoires portugais. 

Ces missions se développèrent grâce à l'habilité des missionnaires qui surent adapter la religion chrétienne dans ses principes fondamentaux et isoler ces communautés de tout contact avec les européens.

D'un autre coté les indiens eux-mêmes se sont bien adaptés à ce nouveau modèle de vie qui leur était imposé. Ils devinrent de grand maîtres artisans, avantagés par rapport aux indiens de l'altiplano et égalant les européens. Leurs assimilation à ce nouveau système fut tel qu'ils ne purent abandonner ce mode de vie et conservent encore beaucoup de cette culture encore aujourd'hui.

Au début du 18ème siècle les missions étaient divisées en deux grands groupes: les moxos au nord et les chiquitanias à l'ouest du département de Santa Cruz. Chacune dépendait du Vice Roi du Pérou et plus particulièrement de l'audience de Charcas mais sur beaucoup de point elles jouissaient d'une indépendance absolue.

Organisation et mode de vie des missions

Isolement

Les indiens des missions effrayés par les blancs qui les soumettaient à de multiples abus et le mauvais exemple de ces chrétiens empêchaient les missions d'évoluer. C'est pour cette raison que les jésuites obtinrent du roi un brevet qui empêchait tout blanc de venir dans les missions, excepté le gouverneur. 

Le gouverneur de Santa Cruz, ignorant ce brevet organisa une expédition pour aller capturer des indiens Itonamas, voisins des Moxos. Les indiens allèrent demander de l'aide aux jésuites qui leur promirent que les blancs ne leur feraient plus de mal. Cependant le gouverneur, bien accueillit par les indiens, en profita et captura plus de 2000 indiens pour en faire des esclaves. En apprenant cela les jésuites essayèrent de faire entendre raison au gouverneur et de libérer les indiens mais le gouverneur ne voulu rien savoir. L'audience de Charcas mise au courant menaça les blancs de Santa Cruz d'une amende de 4000 pesos s'ils allaient en territoire indien sauf s'ils avaient une autorisation du supérieur des jésuites. 

Le gouverneur quand à lui dû rendre la liberté à tous les indiens qu'il avait capturé et leur payer un dédommagement et tous ses biens furent confisqués.  

L'audience publia en plus diverses lois qui interdisaient l'entrée sur le territoire indien sous menace de diverses peines. Grâce à cela les jésuites restaient les uniques maîtres des lieux et libres d'établir leur gouvernement. C'est ainsi que les indiens des missions furent aussi exempts de la mita et des encomiendas. 

Gouvernement

Dans chaque réduction jésuite il y avait deux religieux chargés du gouvernement et de l'administration du village, le premier s'occupait du gouvernement spirituel et l'autre du gouvernement matériel. En général elles se soumettaient aux lois du vice-royaume et à l'évêché de leur diocèse.

Cependant les lois qui régissaient une mission n'étaient pas imposées par les jésuites mais par les autorités indigènes constituées et rénovées annuellement. Chaque réduction se trouvait divisée en deux grands groupes, la famille et le peuple en général. Dans le groupe de la famille se trouvaient tous les artisans des différents offices et dans celui du peuple tous ceux qui pratiquaient des travaux ordinaires, comme l'agriculture et l'élevage. 

L'autorité maximum du village était le cacique qui recevait des instructions des pères à propos de la législation et l'administration. Il avait sous ses ordres un sous lieutenant et un adjoint. En plus il y avait deux maires pour la famille et deux pour le peuple; ces huit fonctionnaires formaient le conseil

Le cacique s'occupait également de la justice qui était aussi supervisée par les religieux. Les peines pouvait être la prison ou coups de fouet, selon la gravité de la peine. Il n'y avait pas de peine de mort et les individus incorrigibles étaient condamnés à des coups de fouets et un an de réclusion après lequel on le bannissait pour toujours.

En plus de cette division générale les familles se trouvaient divisées par guildes et dans chaque guilde se trouvait un majordome et un second. 

Le village se trouvait divisé par groupes et, à la tête de chaque groupe, il y avait un second et un capitaine chargés de diriger les expéditions, commander les embarcations, etc. Les femmes et les jeunes avaient aussi leurs groupes organisés par les différents chefs. Les femmes dépendaient d'une Supérieure qui s'occupait de l'instruction et de la répartition du travail. 

Économie

Les indiens de la mission étaient exempts d'impôt par la communautarisation des biens. À chaque tête de famille était assignée une part de terrain et le produit du travail de cette terre était donné aux jésuites qui le distribuaient entre les familles. Une partie allait au familles selon leur nombre et nécessité, une autre partie pour les personnes non productives (les pères, les veuves, et les femmes sans famille, les vieux, les malades) ainsi que les artisans dont le travail était dédié au culte et à l'exportation, ceux qui se dédiaient à la récolte de bois et de cire, destinés aux travaux d'artisanat et à l'exportation, et enfin pour les indiens qui se dédiant à l'élevage. 

Les jésuites amenèrent une grande quantité de graines, comme le riz qui était alors inconnu, et de bétail, vaches et chevaux pour développer leurs missions. 

Le travail qui fut effectué dans les missions fut de grande envergure, non seulement l'artisanat où se produisait instruments de musique, meubles, maisons, orfèvrerie, tissus, chaussures, etc. mais aussi des travaux de plus grande importance comme la fonte de canons. Les armes des jésuites étaient tellement de bonne qualité que bien souvent, lors des affrontements contre les portugais, les armes espagnoles étaient jetées au profit de celles des missions. 

L'art qui se développa le plus dans les missions fut la musique pour l'office et les messes. 

Constructions

Le village était construit autour d'une grande place dont un coté était occupé par l'église. À coté de celle-ci se trouvait la maison des prêtres, le cimetière et du coté opposé les ateliers d'artisanat. Un peu plus loin et séparé du bâtiment se trouvait la maison des femmes où elles tissaient, brodaient, etc. Sur les autres cotés de la place se trouvait le village, des maisons bien alignées et séparées les unes des autres de petits jardins. Il était de coutume de mettre aux coins de la place des croix ou de petites chapelles où l'on priait et faisait des arrêts lors des processions. 

Les maisons étaient construites en terre et recouvertes de feuilles de palmier et l'église en bois et en brique, sauf celle de San Miguel qui est exceptionnellement en pierres. Les églises étaient très richement décorées et elles étaient tellement grandes qu'elles avaient quasi chaque fois 3 nefs et s'élevaient sur de monumentaux piliers de bois sculptés. Un grand auvent protégeait la façade et toutes les églises avaient un autel doré et sculpté.

Expulsion des jésuites

Le Roi Carlos III monte sur le trône en 1759. Avec lui l'Espagne entrera en guerre aux cotés de la France contre l'Angleterre et, du coté des Indes, il ordonnera l'expulsion des jésuites. Carlos III est un roi qui fait de grandes avancées et réformes pour son pays, aux indes il met en place des intendances qui remplacent les anciens pouvoirs, il crée le vice-royaume du Rio de La Plataabolit définitivement les encomiendas et autorise le commerce libre

Les limites entre les terres espagnoles et portugaises furent, dès le début, motif de luttes et de mésentente. La bulle du pape Alexandre VI les démarqua pour la première fois au 15ème siècle et par après le traité de Torsadillas devait les départager mais sans succès. 
Les Portugais fondèrent une ville sur le fleuve de La Plata sous le nom de Sacramento. En réalité cette ville était un fort avancé sur les terres espagnoles, un centre de contrebande et une porte de sortie difficile à surveiller pour les espagnols. De plus les portugais firent souvent des avancées sur les terres de l'audience; ce qui les amena à affronter souvent les jésuites installés là. Ils prirent deux missions jésuites; celle de Santa Catalina et celle de San Miguel. 

En 1777 les deux pays signèrent le traité de San Ildefonso dans lequel la navigation sur le fleuve de la Plata et Uruguay revenait exclusivement à l'Espagne et le Portugal renonçait à Sacramento et à l'île de Saint Gabriel. L'Espagne quant à elle cédait au Portugal l'île de Santa Catalina et à l'Angleterre Gibraltar en échange de quoi cette dernière désoccupait les Philippines et le Portugal renonçait aux droits qu'il aurait pu avoir dessus et les Îles Mariannes.

Les Portugais, opposés aux jésuites, firent croire que les jésuites exploitaient de l'or sans payer le roi, de plus comme les missions se développaient très bien économiquement et devenaient un peu trop indépendantes, le roi d'Espagne, Carlos III ordonna leur expulsion. De plus il y avait des disputes entre les autorités civiles et ecclésiastiques du nouveau monde. 

Les jésuites furent rassemblés et tous furent emmenés escortés de soldats jusqu'aux côtes du chili. Beaucoup d'entre moururent en route. Les collèges, universités et missions se retrouvèrent en grand désordre; on envoya des franciscains pour remettre de l'ordre dans tout cela, mais jamais leur oeuvre ne retrouvera la splendeur de cette époque.

Le saviez-vous?

"La mission" est un film britannique de 1985 qui met en scène cette triste période de l'histoire des missions.

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Source: 

José de Mesa, Teresa Gisbert, Carlos D. Mesa Gisbert : HISTORIA DE BOLIVIA; 4ème édition, Editorial Gisbert, La Paz, 2001

 
   
   
 

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