Après les premières années de construction du pays, entrent en scène différents chefs d'États dont la plupart, mis à part le gendre de Belzu, Cordova, seront des gouvernements de fait et la plupart d'entre eux seront des militaires, sauf Linares.
1848 - 1855: Belzu
Par réaction à sa mauvaise expérience avec Ballivian qu'il surprit en train de courtiser sa femme, Belzu gouvernera pour le peuple et contre la classe aristocratique. Il devint rapidement une figure mythique des classes indiennes et métisses.
On raconte que plusieurs fois il descendit dans la rue pour distribuer au peuple des sacs d'argent, ce qui lui valut le surnom de "Tata Belzu" - Papa Belzu.
C'est à cette époque que se dessinent deux partis politiques; un populaire de gauche -celui de Belzu et, plus tard, de son neveu- et un de droite, rouge, appelé plus tard "semptembrista" sous Linares.
Pour donner un sens démocratique à son gouvernement, Belzu convoqua des élections en 1850 et celles-ci, en l'élisant, légitimèrent sa position.
Cependant il fut victime de divers attentas, le premier fut celui commandé par le Colonel Agustin Morales en 1850 dans lequel le Président fut sérieusement blessé mais survécut et on attribua cette survie à la Vierge Marie. En 7 ans Belzu sera victime de 41 attentas.
Belzu désigna Santa Cruz comme ambassadeur de Bolivie en Europe. Au niveau économique il continua les pratiques protectionnistes, interdit la pratique du commerce aux étrangers et promotionna l'industrie nationale. Il explora également les communications fluviales de l'orient afin d'ouvrir des voies pour le commerce avec les missions.
Il fit aussi la promotion du commerce de la quinquine qui était exportée en Europe afin d'être utilisée dans les colonies (particulièrement en Inde). Ce commerce se développa tellement que l'on construisit une banque, rien que pour ce produit qui devint une grande source de revenus fiscaux, et une banque nationale.
Cependant Belzu était tellement menacé qu'après 8 ans de gouvernement il convoqua une deuxième fois des élections et son gendre, Cordova fut élu pour prendre sa suite. Cependant il ne resta que deux ans au pouvoir; tous les efforts de Linares, futur dictateur, remportèrent la partie et Cordova fut obligé de s'exiler.
1857-1861: Linares
Linares arriva au pouvoir à travers un coup d'état, il était cependant attendu par les gens qui voulaient un Président qui fasse "ordre et justice" dans le pays. Il gouverna avec droiture et inflexibilité faisant de la morale son mot d'ordre: la politique devait être au service de l'éthique. Un de ses grands collaborateurs fut Tomàs Frias qui mit en place de nouvelles lois aussi importantes que novatrices sur des thèmes tels que le droit d'auteur et les sociétés anonymes.
Peu de temps après son arrivée au pouvoir et sans aucun scrupule il se déclara Dictateur et communiqua au pays que personne ne pourrait critiquer ni censurer ses actes. Avec cette politique il voulait assainir le pays et éviter les coups d'état.
Il mit en place un régime de fiscalisation dont personne ne fut exempt. Dans le domaine militaire il licencia 4800 personnes, gardant seulement 1200 hommes, ce qui lui valut beaucoup d'ennemis.
Melgarejo, qui avait combattu à ses cotés, fut le premier à s'insurger à Cochabamba. S'ensuivit de nombreux autres soulèvements; le Général Agreda à Sucre, le Général Ortiz en conspiration avec le ministre des guerres Gregorio Perez, un groupe pro-Belzu à La Paz, etc. Ils furent tous réprimés durement par le Président dont la réputation déclina à vue d'oeil; entre 1858 et 1861, il du affronter 7 coups d'état.
Il donna beaucoup d'importance au paiement du tribut des indiens qui représentait 36% du budget national. Il réduisit les salaires du personnel gouvernemental et il centralisa l'administration et l'économie.
Le commerce de la quinquine baissa en flèche à cause de la concurrence de la Colombie et on opta pour le libre échange.
Après tous les coups d'état dont il fut victime (Potosi 1859, Santa Cruz 1860, Viacha 1860, Copacabana 1860), il se rendit compte que sa présence au pouvoir était devenue insoutenable et donna les ordres nécessaires afin de convoquer le conseil.
Ses collaborateurs les plus proches le firent tomber à travers un coup d'état le 14 janvier 1861. Ruperto Fernandez, José Maria Acha et Manuel Antonio Sanchez prirent le pouvoir pendant les 4 mois suivants. Mais Sanchez mourra au poste laissant le pouvoir à Acha en 1861.
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Source:
José de Mesa, Teresa Gisbert, Carlos D. Mesa Gisbert : HISTORIA DE BOLIVIA; 4ème édition, Editorial Gisbert, La Paz, 2001