Le coup d’État de 1964 provoqua un changement global de la politique, pendant près de 18 ans le pays allait souffrir des gouvernements militaires de fait qui changeront la donne par rapport aux secteurs populaires.
L’insertion des paysans dans la vie politique ne les convertis pas en consommateurs et n’améliora pas non plus leurs conditions de vie, caractérisée par l’autosubsistance. L’objectif de la Révolution, de changer radicalement le mode de vie des boliviens, ne fut pas atteint et la croissance urbaine ne fut pas non plus suffisamment accélérée comme on aurait pu l’espérer.
L’Amérique Latine et la Bolivie vivait l’effervescence de la révolution cubaine qui ouvrait des perspectives inespérées aux mouvements marxistes. Différents mouvements guérilleros se mirent en place sur le continent.
Cependant la politique bolivienne fut beaucoup plus influencée par la politique du pentagone sous la « Doctrine de Sécurité Nationale » anticommuniste de Johnson, que par celle du département d’État.
Les Forces Armée d’Amérique Latine furent appuyées afin d’exercer un contrôle direct dans la politique et les décisions nationales et donc dans l’exercice direct du pouvoir. La Bolivie et le Brésil furent les deux premier pays à passer à une dictature militaire, tendance qui fut généralisée dans tout le continent jusqu’à la fin des années 70.
Le changement radical vers des gouvernements autoritaires de droite, sans scrupules envers les droits de l’homme et avec une obsession anti-communiste proche du fanatisme, laissèrent des séquelles de confrontation et de violence sans précédent sur le continent et dans le pays.
René Barrientos Ortuño (1919-1969)
Le général Barrientos est né à Tarata (Cochabamba) le 30 mai 1919. Il entra au collège militaire en 1938 d’où il sorti sous-lieutenant en 1943. À sa sortie il entreprit directement des études au collège militaire d’aviation « Boqueron ». En 1945 il entre aux Etats-Unis en tant que pilote. Il participa à la guerre civile de 1949 en faveur du MNR, ce pour quoi il fut renvoyé de l’armée. En 1952 il se réincorpore avec le grade de Capitaine. Lors de la création des forces aériennes en 1957, il fut nommé commandant en chef. En 1964 il fut élu vice-président de la République. Cette même année il organisa un coup d’état et devint Président de la Junte militaire (1964-1965), co-président avec Alfredo Ovando (1965) et en 1966 il fut élu Président Constitutionnel. Le 27 avril 1969 il mourut dans un accident d’hélicoptère à Arque (Cochabamba) à 50 ans.
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Dès 1965 les mineurs et travailleurs se mettent en grève en signe de protestation contre l’expropriation de Lechin, toujours chef de COMIBOL et la non acceptation des demandes de la COB par le gouvernement. L’armée intervient dans les mines et il y a aussi des affrontements à la Paz. Finalement certains secteurs abandonnent la grève, ce qui force la COB à signer un accord qui exile plusieurs dirigeants.
Suite à cela et à cause de l’obsession anti-communistele co-gouvernement Barrientos- Ovando, prend de nouvelles mesures; baisse des salaires, décongélation d’articles d’épicerie, congélation des salaires pour un an, interdiction de grève et méconnaissance des directions syndicales.
Ensuite Barrientos laissa le pouvoir à Ovando afin de pouvoir se présenter aux élections à venir de juillet 1966.
Lors de sa gestion Ovando signa un contrat avec l’Allemand Klockner afin d’installer des fontes à Vinto (Oruro). Cela se fit avec du temps mais permit à l’économie bolivienne de s’indépendantiser et de créer l’ENAF (Entreprise Nationale des fontes).
On créa aussi la Force Naval Bolivienne, aujourd’hui l’Armada Bolivienne.
Gouvernement de Barrientos
En 1966 Barrientos gagna les élections accompagné de Luis Adolfo Siles Salinas.
Barrientos avait organisé le Front Révolutionnaire Bolivien (FRB), un assemblage de forces du centre et de droite qui appuyait son projet, commencé le 4 novembre, dénommé la « Révolution Restaurée » ou « Seconde République ».
Lors de cette gestion on construisit le projet hydraulique Santa Isabel (Cochabamba), on contracta un prêt pour augmenter le réseau d’eau potable à La Paz et à Sucre. On construisit le nouvel aéroport d’El Alto, on termina les chemins 1 et 4 de pénétration dans le Chapare qui feront partie plus tard de la nouvelle route Cochabamba-Santa Cruz.
On rénova le contrat avec le Gulf pour l’approvisionnement en pétrole. En 1967 on donna en concession la mine Mathilde à l’U.S.S. Philips&Co.
On dicta la loi de sécurité d’état, qui limitait sévèrement les libertés de droits des citoyens et qui continuait sur la lancée répressive et intolérante de beaucoup de gouvernements boliviens.
Dès 1966 prend place la guérilla du Che qui sera combattue par Barrientos grâce à son charisme et le pacte paysans/militaires.
La constitution de 1967
La 15ème constitution de Bolivie élimina la double nationalité espagnole et latino américaine, les milices populaires et la réélection directe du Président. Elle mit en place aussi le recours à l’Amparo et établit la rétroactivité des lois.
Massacre de la San Juan
Les mineurs décidèrent de se réunir à Siglo XX fin juin 1967 pour discuter du problème salarial et débattre sur leur situation, en particulier par rapport à la guérilla du Che.
Alors que plusieurs délégués étaient arrivés, la nuit du 23 au 24 juin, après la traditionnelle fête de la Saint jean, au milieu de la musique, des feux de camp, les forces de l’armée attaquèrent intensément le campement de mineurs. Le gouvernement, pour justifier cette attaque, déclara qu’il s’agissait d’un intense foyer subversif. On reconnu officiellement la mort de 27 mineurs et la presse enregistra un nombre bien plus élevé de blessé et de morts.
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La répercussion de ce massacre et l’opposition à la concession du gaz naturel à la Gulf, fut l’origine de l’interpellation de plusieurs parlementaires du gouvernement. Marcelo Quiroga Santa Cruz et José Ortiz Mercado, se détachèrent alors du gouvernement. Par après Quiroga, politique intellectuel et nouveliste, démontra être un des plus brillants parlementaires des 50 dernières années. L’interpellation pris fin avec l’affectation à d’inhospitaliers secteurs de l’Orient de plusieurs députés et dirigeants syndicaux, passant outre l’immunité parlementaire.
En 1969, Barrientos qui avait pour habitude de visiter le pays en hélicoptère qu’il conduisait lui-même, mourut lorsque son hélicoptère s’emmêla dans des fils électriques et s’incendia. On soupçonne que cet accident soit en fait une conspiration d'Ovando car Barrientos projetait de se déclarer dictateur un mois plus tard. Sa mort fut d’un grand impact sur le pays.
Siles Salinas
A Barrientos succède Siles Salinas, frère de Hernán Siles Zuazo. Lors de son gouvernement, qui ne durera qu’un an, il finança la fonderie de bismuth à Telamayu, mit en place cinq projets de construction de routes, créa la caisse sociale du Chauffeur, autorisa les universités d’entrer dans les programmes entrepreneuriaux ce qui permit leur autofinancement. On créa également la Corporation de Développement Rural et on maintint en équilibre la dette publique.
La préocupation première de Siles fut la légalité et l'absolue soumission à la constitution. Toutes les méthodes répressives et violentes furent éliminées, on arrêta les expropriations, les arrestations et persécutions politiques, en gouvernant avec l'idéal démocratique.
Le saviez-vous?
Un des succès les plus importants pour la communication de masse en Bolivie fut l’installation de la télévision Bolivienne, le 30 aout 1969. La Bolivie fut un des derniers pays d’Amérique du sud à avoir la TV. L’existence d’un seul canal, propriété d’État pour beaucoup d’années, converti la télévision en un important instrument de manipulation politique aux mains du gouvernement. Cela ne changea qu’en 1984 avec la naissance de canaux privés.
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Source:
José de Mesa, Teresa Gisbert, Carlos D. Mesa Gisbert : HISTORIA DE BOLIVIA; 4ème édition, Editorial Gisbert, La Paz, 2001