Hugo Banzer Suárez
Le général Banzer fit son éducation au collège militaire et est entré très tôt en politique. Il fut ministre de l’éducation dans le gouvernement de Barrientos, directeur du collège militaire de l’armée, et il fit tomber Torres en 1971 avant de prendre le pouvoir pour près de 7 ans.
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Les premières années de ce gouvernement furent particulièrement féroces, le nombre de prisonniers politiques et d’expatriés fut très élevé. La violence revint, on ne respecta ni la constitution, ni les lois. Les personnes contre le gouvernement n’étaient pas en sécurité et les universités furent fermées pendant un an.
Les faits les plus terribles furent la fusillade des étudiants dans l’Université de Santa Cruz et la disparition de nombreuses personnes, comme sous la terrible dictature argentine.
Les dépendances policières de la prison de Chonchocoro reprirent le concept de camp de concentration du MNR. Des centaines de jeunes universitaires, dirigeants politiques et syndicaux passèrent par ces locaux où ils furent humiliés et torturés. Les ministres de cette période furent Andrés Selich Chop et Mario Adett Zamora qui contrôlaient le service d’intelligence de l’état. Furent directement responsables de tortures et mauvais traitements les colonels Rafael Loayza, Ernesto Cadima et le Capitaine Carlos Mena.
Une commission rédigea une loi fondamentale de l’université qui, à travers la création du Conseil National d’Education Supérieure (CNES), élimina le co-gouvernement paritaire et interdit le développement d’activités politiques aux universitaires et supprima l’autonomie.
Durant cette période l’économie fut favorisée par les prix favorables des matières premières d’exportation.
C’était aussi l’époque où l’on recevait facilement des prêts internationaux. Cette situation poussa économiquement le pays mais il n’atteint cependant pas une croissance intégrale et structurelle ce qui fit un « boom » artificiel avec des conséquences négatives par la suite.
On approuva des lois pour attirer les investissements étrangers. On atteint une affluence de crédits sans précédent qui permirent de mener différents projets de développement et communications. C’est ainsi que le pays passa d’une dette de 460 millions de $ en 1971 à presque 3000 millions en 1978. Un grand nombre de crédits tombèrent dans des investissements improductifs.
L’industrie de la construction fut une des plus importantes de ces années. Les maisons se multiplièrent à La Paz. Santa Cruz se démultiplia également, on développa d’importants projets de routes, comme celle qui lia La Paz et le Beni et l’autoroute La Paz-El Alto qui couta 3.5 millions le Km.
On rénova l’équipement ferroviaire national et on développa la LAB avec l’acquisition de plusieurs jets et l’amplification de son service international.
ENTEL se modernisa avec l’ère du satellite et l’installation de la station Tiahuanaco à La Paz. Il y eut de nombreux projets qui n’aboutirent pas et des campagnes contre la malaria, la diphtérie et la tuberculose.
On créa l’institut Bolivien du Tourisme (IBT) et on réglementa l’activité du tourisme, hôtelière et des agences de voyage.
En général le gouvernement militaire amena une stabilité qui permit une croissance soutenue, un niveau d’investissement significatif, et une augmentation indiscutable du niveau de vie des citoyens.
D’un autre coté la monnaie, artificiellement maintenue pendant 12 ans dévalua d’un coup de 66%. Cela provoqua de nombreuses manifestations populaires. En 1974 de nouvelles mesures économiques rebella encore le peuple. Dans la vallée de Cochabamba le gouvernement envoya l’armée pour réfréner le mouvement et tirant dans la foule ce qui provoqua plusieurs blessés et morts. Ce fait est retenu dans l’histoire sous le nom de « massacre de Tolata ».
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Le gaz, qui avait été une des seule entreprise étatale solvable tomba en chute libre; la YPFB entra dans une spirale de pertes. L’entreprise arrêta d’exporter et après quelques temps seulement réussit à re soutenir le marché national.
L’Étain après être passé à son prix maximum chuta également. Les richesses minières restèrent le premier produit d’exportation jusqu’en 1985 où le gaz passa devant.
La Bolivie n’avait pas les richesses pétrolifères soupçonnée mais une énorme richesse en gaz (plusieurs trillons de m3) qui lui fut très avantageuses, comptant la grande consommation de gaz du Brésil et d’Argentine, ses deux voisins.
Sous Banzer on termina la construction du gazoduc qui reliait la Bolivie à l’Argentine. L’importance du gaz dans l’économie nationale grandit jusqu’à atteindre plus de 50% du revenus des exportations. La Bolivie signa un accord avec le Brésil qui l’engageait à vendre 240 millions de pieds3 par jour pendant 20 ans, en échange de l’installation d’un complexe industriel dans le sud-est du pays, avec la construction d’une usine sidérurgique, une pétrochimie et une usine de ciment. Mais le projet reçu une forte opposition des partis de gauche qui déclarèrent que le gaz ne devait servir qu’au développement interne du pays et les tensions internes au gouvernement firent que ce projet n’abouti pas. De plus la montée des prix du pétrole fit également reculer le Brésil.
Santa Cruz se développa fortement à cette époque; elle passa de 42 000 habitants en 1950 à plus de 350 000 en 1980. Un crédit de plus de 60 millions de $ fut destiné au coton, mais ne servit pas à cause de son mauvais usage. D’un autre coté les habitations se développèrent et l’élevage s’intensifia. Les revenus départementaux sur le pétrole et le gaz augmentèrent grâce aux prix favorables du marché.
Santa Cruz se converti en un centre économique fort, la région généra une croissance économique forte, et devint la première région économique du pays à la fin du siècle.
Les 7 ans de gouvernement de Banzer lui permit de voir à long terme et de dicter de nouveaux codes et lois. 63 corps de lois furent dictés, les codes civils, pénal, de la famille et du commerce, furent approuvés, composant l’instrumentation centrale du système juridique. On approuva des décrets de lois comme la loi d’organisation judiciaire et la loi des corporations de développement.
Nouvelles négociations pour la mer
En 1975, après 13 ans de rupture diplomatique la Bolivie renoua ses relations avec la Chili. Le gouvernement de Banzer demanda un corridor à la frontière entre le Chili et le Pérou qui lui permettrait d’arriver à la mer et de construire son propre port. Pinochet et le gouvernement chilien accepta à condition que la Bolivie donne un territoire équivalent au Chili. Il fallait de plus avoir l’accord du Pérou à cause du traité de 1929. Le peuple bolivien était opposé à la cession du territoire bolivien et le Pérou refusa également l’accord. En 1978 les relations avec le Chili se rompirent à nouveau.
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Les personnes critiquant le pouvoir étaient éliminées, exilées ou tuées. Il y eut deux tentatives de coup d’état organisées par le MIR et les militaires. Banzer annula la validité des partis et proclama la récession totale d’activité politique et syndicale. Commença une période de dictature ouverte appuyée par les forces armées, à partir du 9 novembre 1974. Cela permit à Banzer de gouverner avec facilité et sans opposition.
Il comptait gouverner jusqu’en 1980 et ensuite convoquer des élections. En 1976 l’opinion publique fut fortement affectée par l’assassinat de l’ex-président Torres à Buenos Aires. En mai le général Joaquin Zenteno fut également assassiné à Paris où il était ambassadeur. Ces meurtres ne furent jamais élucidés bien qu’attribués à la main du gouvernement en complicité avec la dictature militaire argentine.
L'opération condor
C'est lors de ces années que se développa l’Opération Condor, qui soutint les dictatures d’Amérique du Sud (Bolivie, Chili, Argentine, Uruguay, Paraguay, Brésil) et mit en place un réseau d’intelligence et qui arrêta, tortura, et tua des citoyens qui avaient un rôle dans les groupes clandestins et insurgés avec pour objectif de faire tomber les militaires. Beaucoup de personnes innocentes disparurent.
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La prospérité économique donnait alors le pas sur une crise économique et la pression de la nouvelle administration nord américaine de Jimmy Carter obsessionnée par le respect des droits de l’homme, poussèrent le gouvernement à convoquer des élections en 1977, soit trois ans avant ce qui avait été prévu.
Une grève de la faim lancée par 4 femmes de mineurs qui en peu de jours devint massive, força Banzer à concéder une armistice. La faiblesse du régime fut mise à jour, alors que les barrières de la censure et des restrictions politico-syndicales s’ouvrirent, le ras-le-bol général et la souffrance du pays depuis les dernières années explosèrent.
Banzer, qui avait pensé poser sa candidature pour les élections, face à l’opposition du peuple, mit à sa place un de ses sous-fifres, le ministre de l’intérieur Juan Pereda Asbún et créa l’Union Nationaliste du Peuple (UNP), regroupant les petits partis conservateurs et traditionnels. Se présenta également le MNRI (MIR et PCB) avec Hernán Siles et Victor Paz pour le MNR. Le 9 juillet 1978 gagna le candidat de Banzer, Pereda, mais cette élection fut annulée peu de temps après pour cause de fraude. Pereda et ses gens, qui n’étaient pas prêts à laisser le pouvoir firent un coup d’état et Banzer dut quitter le palais présidentiel le 21 juillet.
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Source:
José de Mesa, Teresa Gisbert, Carlos D. Mesa Gisbert : HISTORIA DE BOLIVIA; 4ème édition, Editorial Gisbert, La Paz, 2001