Différents facteurs jouèrent un rôle important dans l'indépendance de la Bolivie; l'émancipation des États-Unis (1776), la philosophie des lumières, le rationalisme et les idées de la révolution française de 1789.
En particulier les oeuvres de Rousseau, qui prétendait que l'État s'était formé à partir de lois imposées par les hommes eux-mêmes et qui remettait fortement en question les pouvoirs d'un monarque de droit divin, influencèrent beaucoup les révolutionnaires.
En 1808 Napoléon envahit l'Espagne ce qui, en Amérique, lança le processus d'indépendance. La lutte sud américaine commença avec les rébellions de 1809 auxquelles vinrent s'ajouter des troupes d'Argentine, du Pérou mais aussi de la Grande Colombie. Cette guerre d'indépendance allait durer 16 ans et se sceller, en 1825, par l'indépendance du haut Pérou, l'actuelle Bolivie.
La lutte en bref
Tout d'abord les soulèvements de la Paz et Chuquisaca en 1809 et, ensuite, l'indépendance du Rio de La Plata et sa consolidation à travers le Congrès de Tucuman (1810), détermina l'envoi de troupes d'Argentine pour libérer le haut Pérou, ou l'audience de Charcas. Mais cette tentative se solda par un échec.
Entre 1811 et 1821 se forment de nombreux groupes révolutionnaires; formant de "petites républiques" avec des personnages tels que Juana Azurduy et Moto Mendez qui maintiennent un esprit libertaire sur un territoire contrôlé par les royalistes. Cependant ces républiques de fortune, mal organisées, tombèrent les unes après les autres.
1821 c'est la date ou San Martin et Bolivar entrent en scène. Leur but était d'atteindre Lima, capitale de la Vice-royauté. José de San Martin, depuis l'Argentine, décida d'attaquer via le Chili et Bolivar, depuis l'Équateur, essaya d'atteindre la capitale péruvienne par la voie terrestre.
Après les batailles de Junin et d'Ayacucho (1824), il ne restait plus qu'une toute petite réduction royaliste; l'armée de Pedro Antonio de Olañeta qui dominait le Charcas. Mais celui-ci fut assassiné en 1825, réglan le problème des révolutionnaires; le pays était désormais libre.
Le Maréchal Sucre, qui avait déjà pénétré dans le haut Pérou, sous les ordres de Bolivar, émit un décret le 9 février 1825, réunissant l'assemblée qui allait déterminer le futur de Bolivie.
Débuts de la Bolivie
L'assemblée constituante eut lieu le 10 juillet 1825 et fut présidée par José Mariano Serrano. Le vice-ministre fut José Miguel Mendizabla et parmi les participants se trouvaient les vétérans de la lutte; José Miguel Lanza et José Ballivian.
Les 48 membres de l'assemblée votèrent l'indépendance totale du haut Pérou et signèrent la déclaration d'indépendance le 6 aout 1825, en commémoration de la bataille décisive de Junin.
Le 10 aout l'assemblée vota une loi stipulant que le nouvel état se dénommerait "République de Bolivar" et sa capitale (Chuquisaca), Sucre, en honneur aux deux grands combattants.
Le 13 aout l'assemblée émit une autre loi déclarant que le pays adoptait un régime unitaire avec une séparation des pouvoirs exécutifs, législatifs et juridiques. On créa la monnaie nationale et les symboles, tels que le drapeau et l'écusson de Bolivie.
Lorsque la constitution viagère fut votée, le 9 décembre, le Maréchal Sucre fut élu Président. Il était chargé d'implanter le nouveau régime et d'invoquer l'assemblée si nécessaire, et ce, sous la tutelle de Bolivar.
Il y avait alors 5 départements: La Paz (avec Oruro), Potosi (avec le littoral), Santa Cruz (avec le Béni et le Pando) et Cochabamba.
Situation politique, économique et sociale
La situation économique de la Bolivie était désastreuse. Les nombreuses troupes qui vinrent faire la guerre d'indépendance dans le pays le dévastèrent également afin de payer les dettes de guerre. De plus comme le pays était en guerre depuis 16 ans, les terres et les mines avaient été désertées et la production était au plus bas. Les obrajes quant à eux étaient en pleine décadence et finirent par disparaitre totalement au profit de l'Angleterre qui exportait ses tissus et vêtements.
De plus les communications avec l'Argentine et le Pérou avaient été coupées et les communications restantes se voyaient taxées par les pays voisins (Argentine, Chili et Pérou). Le port de Bolivie, Cobija, situé sur la côte pacifique après le désert d'Atacama, se trouvait trop isolé pour aider le commerce et le transit des productions agricoles et minières.
La classe dominante des créoles réinstaura le tribut et l'exploitation des indiens pour contrer les problèmes économiques et les dettes de guerre.
L'église était quant à elle le composant le plus riche et tous les biens accumulés depuis presque 3 siècles tentaient le nouveau gouvernement libertaire. Les biens de l'église furent donc confisqués et les bâtiments furent destinés à l'armée, à l'éducation et aux bonnes oeuvres.
Cela peut encore se constater aujourd'hui à Sucre avec le quartier général de San Francisco, le Collège de Pichincha dans le couvent de Saint Domingue, ainsi que le collège d'Ayacucho et le couvent de la Merced de La Paz qui est aujourd'hui le commissariat de Police.
La réforme religieuse expulsa et relocalisa les ordres réguliers (sauf les franciscains), s'appropria les objets en argent destinés au culte et réduit au minimum les couvents féminins.
Malheureusement cela ne suffit pas à remettre sur pied l'économie du pays...
La situation internationale d'Amérique du sud est tendue. Suite à un attentat Sucre démissionne en 1828. Et suite à la pression du Pérou, se signa entre ce premier et la Bolivie, la sortie des troupes colombiennes de Bolivie, la convocation de l'assemblée pour accepter la révocation de Sucre, désigner un gouvernement provisoire et réviser la constitution.
Le gouvernement provisoire fut assigné au Général Urdininea et fut ensuite élu président le Maréchal Andrès de Santa Cruz.
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Source:
José de Mesa, Teresa Gisbert, Carlos D, Mesa Gisbert : HISTORIA DE BOLIVIA; 4ème édition, Editorial Gisbert, La Paz, 2001