Le caoutchouc
Le caoutchouc devint très important économiquement grâce à l’apparition de l’automobile. La production en série de voitures en Amérique du nord fit augmenter considérablement la demande de caoutchouc afin de réaliser les roues de cette nouvelle invention.
Le caoutchouc naturel s’extrait d’un arbre, appelé scientifiquement le Siphonia elastica Helvea. Ces arbres se trouvent en grande quantité dans la région amazonienne d’Amérique du sud, principalement au Pérou, en Bolivie et au Brésil. En Bolivie ils se trouvent principalement dans les départements d'Acre (actuellement au Brésil), Pando et Béni.
La période d’exploitation du caoutchouc naturel s’étend de 1890 à 1920. C’est à cette époque que les départements du nord Bolivien se développèrent car l’attraction du caoutchouc et la génération d’emploi attira les populations dans ces contrées isolées. Ces populations nouvellement installées près des haciendas de caoutchouc furent appelées « baraques » (barrancas).
Les conditions de travail étaient inhumaines et les ouvriers étaient rendus dépendants de l’entreprise via un système de crédit, à travers lequel l’entreprise leur fournissait nourriture et logement à crédit en échange de leur travail. Les baraques avaient une infrastructure basique qui leur permettait de s’autosoutenir, comme des ateliers, des plantations de maïs, yuca, riz, bananes et même un peu de bétail.
Le caoutchouc joua un rôle très important dans l’économie nationale, en tant que deuxième produit d’exportation après l’argent et l’étain. L’exportation était, comme les métaux sujette à un impôt. Cependant de grandes quantités de caoutchouc sortaient illégalement du pays.
La chute de la production eut à voir d’une part avec la guerre de l’Acre, et la dépression économique résultant de la première guerre mondiale. Mais la vraie cause de la chute fut surtout due à l’apparition de plantations de caoutchouc en Asie, mises en place par un anglais qui aurait importé des spécimens d'Amérique du Sud, et qui étaient meilleur marché.
La Bolivie a continué sa production jusqu’à la fin du 20ème siècle, malgré la chute des prix, la concurrence asiatique et l’apparition du caoutchouc artificiel.
La guerre
Le conflit fut le plus fort entre 1902 et 1903, mais il avait commencé dès 1899 avec le premier soulèvement séparatiste à Puerto Acre, alors que le pays était en pleine guerre civile.
Les origines de cette guerre, encore une fois, viennent des problèmes de frontières avec le Brésil et des grandes richesses que contiennent ces terres. L’antécédent le plus impactant fut le traité de Melgarejo, signé en 1867, qui délimitait le territoire, cédant une grande partie au Brésil.
En 1896 Pando signa un autre accord avec le Brésil qui redélimitait le territoire. Mais ce qui déclencha la guerre fut encore une fois des raisons économiques.
La fondation de Puerto Alonso, (Puerto Acre) capitale des colonies du fleuve Acre permit de mettre en place un poste douanier de prélèvement d’impôts sur les exportations de caoutchouc. Cela dérangea fortement les industriels qui exploitaient cette ressource et pratiquaient son commerce clandestin. Cela ne plut pas non plus au Brésil qui profitait grandement du commerce illégal.
Le 1 mars 1899 Puerto Acre se souleva, se déclarant état indépendant. Les boliviens demandèrent de l’aide au Brésiliens afin de contrecarrer ce soulèvement. Ce qui fut accepté dans un premier temps mais l’alliance de défit rapidement.
La Bolivie envoya trois expéditions entre 1899 et 1900 et finit par restaurer sa souveraineté sur le territoire.
En 1902, le Brésil trouva une excuse pour attaquer la Bolivie. Cette dernière était sur le point de créer une société privée, angloaméricaine qui exploiterait le territoire de manière privée. Le ministre brésilien des relations extérieures accusa la Bolivie de rompre les règles de la souveraineté. L'Acre se souleva une deuxième fois et le Brésil en profita pour prendre Puerto Acre. Le Président Pando se déplaça lui-même à la tête de ses troupes pour aller défendre le territoire.
Pando vaincu les insurgés. Au même moment l’armée de Nicolas Suarez se battit héroiquement à Bahia (Cobija), vainquant les flibustiers et défendant cette région.
Cependant le Brésil avait une indégnable supériorité militaire et était prêt à s’engager plus avant dans la guerre. C’est pour cette raison que le gouvernement bolivien préféra entrer dans les négociations.
Le 17 novembre 1903 la Bolivie signa le traité de Petropolis qui cédait le territoire de l’Acre en échange d’une compensation pécunière de 2 000 000 livres sterling, l’engagement du Brésil à construire une ligne de chemin de fer dans la zone des Cahuelas (des fleuves impraticables) et d’autre aspects relatifs au statut et aux droits des habitants de la région en question.
C’est ainsi que la Bolivie perdit près de 190 000 km2 de son territoire.
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Source:
José de Mesa, Teresa Gisbert, Carlos D. Mesa Gisbert : HISTORIA DE BOLIVIA; 4ème édition, Editorial Gisbert, La Paz, 2001