La technique utilisée par des générations d’artisans a été transmise à la famille Luna, qui travaille grâce à elle sur des métiers traditionnels ou horizontaux, où la trame et la chaîne ne cessent de se croiser et de s’entrelacer pour former des tissages plus précieux les uns que les autres.
Javier et Sandra Luna sont un couple typique d’artisans boliviens. Laborieux, ils consacrent beaucoup de temps à leur travail. Leur famille est l’héritière d’une technique transmise de génération en génération. Mariés depuis 26 ans, ils en ont passé 23 à la création de modèles en laine d’alpaga. « Lorsque j’ai épousé Javier, ma belle-mère lui avait déjà appris ce métier artisanal et, à son tour, il me l’a enseigné », raconte Sandra, se remémorant les premières années de mariage durant lesquelles l’ardeur au travail compensait sans doute le manque d’expérience.
Dès qu’elle eut appris son métier, Doña Sandra sut qu’elle allait y consacrer sa vie. Au début, les époux ne tissaient que des écharpes en laine d’alpaga. Sandra se rappelle qu’elle arrivait à en produire jusqu’à cinq par jour. Par la suite, elle s’aventura dans la confection de pièces plus grandes, en tissant des châles, par exemple, et ne tarda pas longtemps à se mettre à la création et à la conception de modèles uniques.
Sandra Luna est fière d’être la mère de six enfants : deux d’entre eux sont mariés, les autres font leurs études, mais tous ont appris, à un moment donné, à tisser quelque chose au métier traditionnel. Le savoir-faire s’est ainsi accru et l’atelier du couple agrandi, jusqu’à compter une vingtaine de métiers à tisser ou presque, au milieu desquels couleurs et modèles ne cessent d’aller et venir, manipulés par les habiles doigts des tisseurs.
La famille Luna s’est non seulement agrandie grâce à ses enfants, mais les tisseurs qui sont passés par son atelier ont ensuite diffusé autour d’eux le savoir-faire et la virtuosité de leur travail manuel. « Les tisseurs que nous employions avant sont partis et ont ouvert leur propre atelier », explique Doña Sandra.
Jour après jour, les Luna manifestent leur désir d’agrandir l’atelier et d’enseigner leur métier à de plus en plus d’ouvriers pour les aider dans la vie. « J’aimerais que nous ayons plus de commandes l’année prochaine, pour pouvoir donner du travail à plus de gens », s’exprime Doña Sandra, qui a déjà commencé à aménager un espace supplémentaire pour l’atelier chez elle.
Le couple est toujours prêt à passer des nuits blanches si nécessaire, pourvu que les pièces créées soient de toute première qualité, et satisfassent les goûts les plus exigeants. Et ce sont bien cet effort constant, cette préoccupation pour la qualité et ce zèle qui ont permis aux Luna d’exporter leurs produits vers d’autres pays.