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Le carnaval d'Oruro
     
 

Un étalage spectaculaire de couleurs, de danses et de musiques

C’est à Oruro, capitale du folklore bolivien − ainsi que l’a nommée un décret de la République − que l’on fête le carnaval de la manière la plus étonnante, lors de célébrations qui associent des coutumes aux origines les plus variées.

En 2008, le carnaval d’Oruro a été déclaré patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Symbolisme religieux et pot-pourri de cultures boliviennes s’y côtoient et se mêlent à l’occasion de quatre jours de chants et de danses ininterrompus, sur accords sonnants autant que dissonants, offrant au spectateur, touriste ou naturel de la région, un spectacle aussi intense que la foi et la dévotion qu’ils incarnent.

Le carnaval représente la lutte du Bien contre le Mal. Il met en scène la victoire de l’armée des anges, guidée par l’archange saint Michel, sur fond de dévotion profonde à la Vierge du Socavón (la « Vierge de la Mine »). Cette dernière figure religieuse est également appelée Vierge de la Chandeleur (Candelaria), et les nombreux mineurs dont elle est la patronne lui témoignent leur adoration à travers leurs prières et leurs souhaits. Certes, il s’agit là de la lecture catholique du carnaval, car celui-ci peut être interprété de manière bien différente.

Les personnages acquièrent alors des caractéristiques toutes autres, et reflètent les conceptions et les manifestations spirituelles propres aux peuples indigènes et à leur culture. Pendant le carnaval, d’anciens rites, coutumes et traditions refont surface. Les sacrifices symboliques réalisés sur les autels et la dévotion manifestée lors de cérémonies en hommage à la Terre-mère, la Pachamama, accompagnent les esprits des montagnes, les Achachilas, et les divinités plus petites connues sous le nom de Mallkus, au cours d’un festival qui fait le lien entre la tradition indigène et la tradition métisse. Ces traditions témoignent de l’interculturalité et du syncrétisme inhérents à la société bolivienne. Les rites et les coutumes des peuples autochtones sont encore présents dans les figures de la Vierge du Socavón et des Diables qui dansent lors du grand défilé à travers les rues d’Oruro.

En particulier, on peut assister au Jisk’Anata, festival de danses et de musiques locales des peuples indigènes de Bolivie. Il est associé, de même que tout le reste du carnaval, à la saison des pluies et aux cycles agricoles. Les origines de ce somptueux carnaval nous renvoient aux fêtes de l’époque des semailles et des récoltes, les Anatas, célébrées par le peuple Uru (qui a donné son nom au département d’Oruro). Cette tradition s’est perpétuée et continue à accompagner le carnaval. Elle est caractérisée par la participation d’habitants des différentes régions du pays, qui défilent sur la musique de leur communauté.

Les légendes abondent quant à l’origine de la Vierge du Socavón.

Une histoire ancienne d’origine uru identifie cette figure religieuse avec la femme qui a vaincu le dieu maléfique Wari en le condamnant à l’exil dans les profondeurs de la Terre. Le mythe d’Anselmo Belarmino, alias Chiru-Chiru, ou encore Nina-Nina, raconte la légende de ce voleur, qui cambriolait les maisons des nobles pour redistribuer leurs richesses aux pauvres. Dévot de la Vierge Marie, il n’avait pas tenu sa promesse et avait été grièvement blessé alors qu’il était entré voler dans la maison d’un ouvrier. En proie à l’agonie dans la rue, il avait invoqué sa protectrice, qui était venue à son secours et l’avait absout, afin qu’il puisse mourir en paix. Les mineurs trouvèrent le cadavre de Nina-Nina dans la mine, sous l’effigie de la Vierge de la Chandeleur.

Pleine de couleurs et de rythmes, la fête du carnaval respire la joie et la bonne humeur. Les danses, la musique, les serpentins et les confettis sont au rendez-vous et les enfants sont déguisés pour participer eux aussi à des défilés, ils jouent parmi les personnages du carnaval, comme le Concombre (Pepino) Chorizo, l’Ours Jukumari, et bien d’autres. On ne saurait dépeindre toute la magie, la magnificence, le surréalisme et la diversité de cette fête traditionnelle bolivienne qui attire des centaines de milliers de visiteurs chaque année. Elle est animée par plus de 20 000 danseurs et 10 000 musiciens venus des quatre coins du pays, qui se démènent sans trêve sur un parcours de 4 km. La Diablada, la Morenada, les Sicuris, les Tobas, les Caporales, la Llamerada, la Cullaguada et les Negritos sont autant d’exemples de danses et musiques régionales de ce folklore incroyablement riche, dont la Bolivie a toutes les raisons de s’enorgueillir.

 
   
 

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