Malgré ses grandes chances d'être élus grâce au pacte paysans/militaire, Ovando proclama le 26 septembre 1969 qu'à travers un « mandat révolutionnaire des forces armées" on changeait le gouvernement de la nation.
Le coup détermina un changement radical pour le pays; c’était l’occasion de reprendre la politique de 1952 dans le contexte de politique nationaliste de défense des ressources naturelles et développement des moyens de production qui permettrait de consolider une plus grande indépendance économique. Les objectifs principaux étaient d’assurer la souveraineté, diversifier l’industrie minière, planifier l’économie, réorganiser le commerce extérieur, protéger l’industrie nationale, élever les salaires, monter des coopératives rurales et maintenir des relations avec tous les pays du monde.
Ovando s’entoura de jeunes intellectuels moins progressistes ou franchement de droite, ce qui provoquera des tensions au sein du cabinet.
L’abandon du code du pétrole fut le premier point de rapprochement avec la COB.
Le processus d’ouverture à travers les relations diplomatiques, avec le bloque socialiste se concrétisa avec le début des relations avec l’URSS et d’autres pays socialistes. Ovando signa le premier contrat commercial important de vente de minéraux aux soviétiques. Sur le plan international on signa la Convention d’Education Andres Bello (1970). Le ministère de la planification présenta un « Projet de stratégie nationale de développement économique et social de Bolivie »
On entama une campagne d’alphabétisation pour laquelle on invita d’importants spécialistes internationaux afin de discuter le modèle. On créa la banque du livre et on instaura les points de base pour la politique éducative nationale.
La LAB entra dans l’ère du jet en avril 1970 avec l’acquisition d’un Boeing 727-100.
Sous l’inspiration du ministre Marcelo Quiroga, le 17 octobre 1969, le gouvernement décida de nationaliser la Gulf qui travaillait en Bolivie depuis 1956. Le 11% de paiement départemental plus les 30% sur les utilités était un pourcentage insuffisant et maintanait en plus un contrôle de mains étrangères sur le gaz.
Le pays, à travers l’administration de YPFB obtint pour la vente d’hydrocarbures de ce secteur plus de 1000 millions de $ en 10 ans. La production de pétrole entre 1964 et 1969 subit une croissance extraordinaire, passant de 8000 barils/jour à 40 000. Ce n’était que le début d’une croissance qui arrivera à son pic dans les années 70.
La guérilla de Teoponte, la révolution universitaire et la violence
En juillet 1970 il y eut dans la zone de Teoponte (nord de La Paz) un mouvement guérillero du Che, né des secteurs universitaires, de groupes radicaux de la démocratie chrétienne et de l’ELN, une organisation politico-militaire qui naquit dans la guérilla de 1967. 75 jeunes quittèrent La Paz pour Téoponte (yungas) sous le couvert d’une mission de d’alphabétisation, soit plus que le nombre de guérilleros qui avaient accompagné le Che lui-même.
Le 19 juillet 1970 ils entrèrent dans l’entreprise minière South American Placer et séquestrèrent les techniciens Gunter Lerch et Eugenio Schulhausser. Grâce à cela ils négocièrent la libération de guérilleros. Le 22 juillet ils libérèrent les allemands. Mais l’expérience se termina mal pour les guérilleros; beaucoup d’entre eux disparurent, moururent de faim ou furent capturé par l’armée. En novembre 1970 le mouvement fut complètement exterminé.
Quelques mois avant, en avril 1970, un mouvement de révolution étudiante eut lieu dans l’université Mayor de San Andrès, à La Paz. Ce mouvement était inspiré par mai 68 français mais avec des positions marxiste extrêmes. Les étudiants prirent le pouvoir, ils purgèrent les professeurs et l’université fut mise en crise totale. En réponse à cela attaquèrent les phalangistes et les « marquis » des délinquants qui prirent l’édifice central. Le problème se résolu avec la reddition du bâtiment et le début d’un processus de radicalisation qui incluait le co-gouvernement paritaire et le veto politique.
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Parallèlement à cela eut lieu à La Paz une vague d’attentas terroristes à la bombe dans diverses zones de la ville. Dans ces attentats moururent des personnes importantes (journalistes, dirigeants paysans) mais leur mort ne fut jamais éclaircie et dévalorisa l’image du gouvernement. Comme mobil de ces attentats on argumenta l’élimination de témoins qui savaient que le gouvernement, via Ovando et Barrientos, vendait des armes à Israël.
Cela plus la scission gauche/droite des forces armées, la sortie de quelques figures importantes de l’armée et enfin la mort accidentelle d’un des enfants du Président, rendirent la situation de plus en plus incontrôlée et le Président finit par être encerclé par ses propres camarades d’arme.
Après un soulèvement militaire le 6 octobre 1970, le général Ovando, renonça à la Présidence.
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Source:
José de Mesa, Teresa Gisbert, Carlos D. Mesa Gisbert : HISTORIA DE BOLIVIA; 4ème édition, Editorial Gisbert, La Paz, 2001