Le coup d’état de Garcia Meza fut très méticuleusement organisé. Il y avait même des assesseurs argentins, pour participer à la répression, torture et l’organisation de groupe paramilitaires sous le commandement de Luis Arce.
Le 17 juillet les insurgés prirent la COB et le palais du gouvernement. L’assaut de la COB, en pleine réunion du Comité de Défense de la Démocratie, tortura et tua Quiroga, symbole de la gauche bolivienne et dont les restes ne furent jamais retrouvés, Carlos Flores (dirigeant politique) et Justo Vega (syndicaliste).
Une douzaine de chefs politiques et syndicaux furent arrêtés, dont Juan Lechin.
Quasi tous les membres du cabinet présidentiel furent aussi arrêtés tandis que la présidente fut recluse dans ses appartements.
Cette nuit là, sous de grandes pressions, elle fut obligée de renoncer à la Présidence. Un couvre feu fut établit (de 9 heures du soir à 6 heures du matin), ainsi que la fermeture des radios et la censure totale de la presse. Les mines furent le dernier lieu de lutte héroïque contre le coup d’état mais elles furent réprimées et il y eut plusieurs morts.
Le gouvernement de Garcia Meza est le pire des gouvernements du pays. Plein de violence, d’intolérances, et d’abus de pouvoir, il coupa radicalement les droits des citoyens, mit en place un système d’intimidation et d’abus de la population dans un contexte où les droits politiques et civiles étaient suspendus.
Entre juillet et avril 81 Banzer et son parti appuya le gouvernement de Meza jusqu’à leur rupture publique.
Massacre de la rue Harrigton
Le 15 janvier 81 les dirigeants du MIR se réunirent dans une maison de la rue Harrington afin d’analyser le nouveau paquet économique du gouvernement. Quelqu’un les dénonça et le ministère de l’intérieur, dirigé par Arce Gomez, envoya un groupe qui tua 7 des neufs dirigeants. Gloria Ardaya fut sauvée pour être torturée avant d’être envoyée en exil.
Peu après Arce déclara que les boliviens devaient toujours avoir leur testament sous le bras et que tous les opposants au régime ne seraient pas pardonnés, et il accompli sa menace sans miséricorde.
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Le gouvernement de Meza fut aussi accusé d’affaires frauduleuses comme l’utilisation des vitres Ray ban de la piscine olympique pour les maison de particuliers dont des officiers de haut grade, l’acquisition frauduleuse de machinerie pour la YPFB, l’achat surévalué de charrettes d’agriculture d’origine argentine, etc. La plus grosse de ces affaire fut celle des pierres semi précieuses de La Gaiba, cédées illégalement à une entreprise brésilienne.
Trafic de stupéfiants
C’est dans les années 80 que le Trafic de stupéfiants augmenta de manière spectaculaire. Il avait commencé dans les années 70 avec la création de mafias, mais ce fut particulièrement sous le gouvernement de Meza que s’étendit le trafic illégal car protégé par le pouvoir exécutif.
Plusieurs organismes internationaux et membres du congrès des États-Unis accusèrent formellement Arce d’être impliqué dans des opérations de trafic de drogue. D’autres ministres furent également impliqués.
La culture traditionnelle de la feuille de coca dans la zone des yungas s’étendit à des zones du nord de Santa Cruz, au département du Béni et, à la moitié des années 80, au Chapare et à Cochabamba. On estime qu’en 85, 100 000 tonnes de coca furent produite et plus de 80% aurait été destiné à la production de cocaïne et que 200 000 personnes étaient impliquées dans le trafic.
Ce dernier qui naissait alors crut jusqu’en 1993, lorsque les politiques d’éradication commencèrent à donner des résultats. Les producteurs boliviens s’allièrent alors aux cartels colombiens qui contrôlèrent le circuit de la drogue, de Bolivie aux États-Unis.
Le problème du trafic de stupéfiant est un des plus grands de Bolivie, il mine l’infrastructure morale du pays, et augmente vertigineusement la corruption. Il influença beaucoup l’économie du pays, en 1980 la coca représentait 12% du PIB et en 1993 ce chiffre tomba à 2,7%.
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Au début du gouvernement de Meza toutes les forces militaires l’appuyaient, mais le temps passant beaucoup se rendirent compte de leur erreur et le mal être interne s’intensifia. Les normes de cohabitation interne et code élémentaire d’honneur furent altérées par la dictature qui finit par être répudiée par l’institution même qui la mit au pouvoir.
En janvier il y eut une mutinerie dans le collège militaire de La Paz qui exigea la destitution d’Acre, ministre de l’intérieur, ce qui fut fait. En Mai à Cochabamba le CITE, sous le commandement du colonel Emilio Lanza, se rebella. Mais après deux tentatives du Colonel, le soulèvement fut contrôlé et le colonel exilé. D’autres soulèvements eurent lieu au camp Tita, puis à la Paz, enfin à Santa Cruz, l’ex-président Natusch et Luis Adolfo Siles lancèrent l’assaut final.
Garcia Meza fut obligé de renoncer à La Présidence dans une tendue et désagréable cérémonie dans le palais du gouvernement.
Ce coup d’état donna lieu à un nouveau gouvernement militaire qui pour un mois rassembla les trois plus hauts commandants des forces armées Torrelio (armée), Bernal (aviation) et Pammo (armada).
Après cela Torrelio fut désigné Président, mais il ne fit que continuer la politique de Meza, avec l’appareil de répression d’état. Après moins d’un an il dut rouvrir la démocratie et appeler à de nouvelles élections. Après deux jours de conciliation, le 21 juillet 1982 l’institution vota pour le général Guido Vildoso.
Cette même année le peso bolivien tomba à 44/dollar ce qui n’était que le début de l’hyperinflation de 1985. Vildoso fut le dernier Président militaire, avec la fin de son gouvernement se termina la fin des 18 ans de gouvernement des forces armées sur le pays. Celles-ci étaient arrivées à un tel point de corruption et de mauvaise gouvernance, qu’elle était dépréciée par le peuple et même internationalement, tout en se trouvant intérieurement divisée. Vildoso se vit incapable d’administrer la crise économique qui s’accélérait et affronta la lutte du peuple bolivien pour récupérer ses droits et le processus démocratique.
Le 5 octobre 1982 le parlement élu démocratiquement Hernan Siles Zuazo avec une majorité absolue et Jaime Paz Zamora fut élu vice-président. Ce nouveau gouvernement ouvrait la voie d’une démocratie universelle enfin appliquée.
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Source:
José de Mesa, Teresa Gisbert, Carlos D. Mesa Gisbert : HISTORIA DE BOLIVIA; 4ème édition, Editorial Gisbert, La Paz, 2001