Quand les espagnols arrivèrent en Amérique du sud, l'esclavage était déjà une pratique courante en Europe, autant l'Espagne que le Portugal avaient des esclaves sur leurs territoires.
Le premier contact entre les africains et les portugais se fit en 1441 et ce fut les portugais, recopiant la pratique des arabes, qui furent les premiers à amener des esclaves sur la péninsule ibérique.
Au 15ème Siècle la traite des noirs était un commerce prospère. La découverte de l'Amérique fut financée par des marchands étrangers qui entendaient bien installer un monopole sur les nouvelles routes qu'ils découvriraient et un de leurs buts était bien sûr le trafic d'esclaves.
Charles Quint, voyant les dépenses excessives faite dans ses campagnes en Europe, concéda des "licences" pour introduire des esclaves en Amérique et gagner aussi de l'argent via ce commerce. De plus ce commerce allait donner de la main d'oeuvre bon marché, équilibrer la diminution démographique des indiens et servir d'appuis à la faible population castellane qui se trouvait aux Amériques.
Commença alors le commerce triangulaire, les européens allaient en Afrique, échanger des esclaves contre des marchandises, puis ils allaient en Amérique vendre les esclaves et ramener des marchandises en Europe.
Les esclaves venaient du Sénégal, du Dahomey, du Congo et d'Angola. Avec le temps le trafic fut partagé entre les français, les portugais et les anglais. On estime que seulement 2% de tous les esclaves ramenés d'Afrique aurait été capturés par des négriers blancs car l'usage était de les acheter aux africains ou aux lançados (métisses portugais et africains).
Lors de la capture et la vente en Afrique des esclaves beaucoup mouraient; les pertes auraient été de 10 % lors des opérations de capture, de 25 % au cours du transport vers la côte, de 10 à 15 % lorsque les captifs étaient parqués dans les baraquons sur la côte. Au total, ces pertes se situeraient entre 45 et 50 %.
Dans l'audience de Charcas est esclaves furent principalement des angolais et congolais.
Le voyage outremer
Les conditions de la traversée étaient inhumaines, on entassait littéralement les esclaves, enchainés au fond des cales: dans un volume représentant un « tonneau d'encombrement », soit 170×160×53cm, les Portugais plaçaient jusqu'à cinq adultes, les Britanniques et les Français, de deux à trois.
Si le temps le permettait, les déportés passaient la journée sur le pont. Toujours enchaînés, les hommes restaient séparés des femmes et des enfants. Ils montaient par groupes sur le pont supérieur vers huit heures du matin. Les fers étaient vérifiés et ils étaient lavés à l'eau de mer. Deux fois par semaine, ils étaient enduits d'huile de palme. Tous les quinze jours, les ongles étaient coupés et la tête rasée. Tous les jours, les bailles à déjection étaient vidés, l'entrepont était gratté et nettoyé au vinaigre. Vers neuf heures, le repas était servi : fèves, haricots, riz, maïs, igname, banane et manioc. l'après-midi les esclaves étaient incités à s'occuper (organisation de danses). Vers cinq heures les déportés retournaient dans l'entrepont.
Par contre, en cas de mauvais temps et de tempête, les déportés restaient confinés dans l'entrepont. Il n'y avait pas de vidange, ni de lavement des corps, ni de nettoyage des sols. Le contenu des bailles coulait sur les planches de l'entrepont, se mêlait aux choses pourries, aux émanations de ceux victimes du mal de mer, aux vomissures, au « flux de ventre, blanc ou rouge ». Toutes les écoutilles pouvaient être closes. L'obscurité, l'air rendu irrespirable par le renversement des bailles à déjection, le roulis qui faisait frotter les corps nus sur les planches, la croyance d'un cannibalisme des négriers blancs terrorisaient et affaiblissaient les captifs.
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Une fois arrivé sur le continent, à Nombre de Dios sur la côte Atlantique, ils devaient marcher jusqu'à Panama où on les embarquait jusqu'au port du Callao où ils étaient distribués dans tout le vice-royaume.
Lorsqu'on créa Buenos Aires on créa un nouveau port plus direct mais moins utilisé vu que les gros commerçants étaient installés à Callao, bien qu'au début du 17ème siècle on note des arrivées jusqu'à 600 esclaves.
Beaucoup d'entre eux mourraient non seulement dans la traversée (12%) mais aussi sur la route qui les conduisaient à leur point de vente.
Joseph Inikory estime que la traite atlantique et les diverses calamités naturelles auraient fait 112 millions de victimes...
Le trafic intercontinental diminua avec le temps; les esclaves mettant jour à de nouveaux esclaves.
Ils étaient vendus aux enchères et appartenaient ensuite au maître qui les achetait, ils pouvaient être transférés par vente ou donation et figuraient dans les testaments comme n'importe quel bien. Les esclaves pouvaient acheter leur liberté s'ils avaient assez d'argent et que le maître y consentait. Ils pouvaient aussi être déclarés libres par leurs maîtres, ce qui arrivait parfois -rarement- quand le maître mourrait.
Ils étaient soumis à la volonté de leur maître et s'ils désobéissaient ils subissaient de sévères punitions, comme les coups de fouet. Les esclaves devaient endurer de beaucoup plus grandes punitions que les autres castes et, contrairement aux indiens, ils étaient soumis au tribunal de l'inquisition souvent à cause de la pratique du vaudou importé d'Afrique.
Tous les esclaves étaient marqués au fer rouge dans le dos, sur le bras ou dans le visage avec l'insigne de leur maître. La fuite était punie très sévèrement y compris par la mort.
La plus grande partie des esclaves de l'audience de Charcas était destinée aux travaux domestiques et de services. On essaya de les faire travailler dans les mines mais leur mortalité était tellement grande qu'on arrêta. Les riches espagnols et créoles avait des esclaves pour les servir dans leurs maisons, ainsi que les caciques qui depuis le vice-roi de Tolède avaient les mêmes avantages que les espagnols.
La majorité des esclaves d'Amérique furent destinés aux plantations de canne à sucre (c'est l'époque de la révolution sucrière) et d'autres produits tropicaux. Dans l'Audience de Charcas les esclaves étaient assignés aux travaux dans les champs de coca des yungas. Encore aujourd'hui la population noire de Bolivie se trouve concentrée dans les yungas.
Quelques uns d'entre eux se dédièrent à l'artisanat; cordonniers, orfèvre, peintre ou sculpteur.
Pendant la colonie on gouverna selon les lois des indes et donc selon une rigide catégorisation selon les castes. Le fils d'un espagnol et d'une africaine était mulâtre, le fils d'un indien et d'une africaine un zambo, le fils d'un indien et d'un espagnol un métisse, un espagnol né en Amérique un créole. Les esclaves enfuis étaient appelés cimarrons.
La population africaine fut très productive en musique et en danse. Sa création la plus connue est la morenada. Les danseurs sont richement habillés de costumes dorés et argentés, ils portent des masques noirs et des crécerelles à la main. Le chef de la troupe porte un fouet. La saya et le tundiquis sont aussi des danses originaires des yungas.
L'esclavage fut aboli en théorie, par un décret de Bolivar mais il fut réinstauré par le gouvernement de Santa Cruz. La suppression définitive du système esclavagiste se doit au gouvernement de Belzu; la constitution du 26 octobre 1851 dit: "tout homme naît libre en Bolivie".
Cependant dans nombreux lieux du pays une certaine forme d'esclavage est encore en cours, tels les hommes travaillant dans les exploitations du Pando ou de l'Amazonie reculée ou encore les domestiques des familles riches qui sont souvent des jeunes filles venues de la campagne lointaine à la ville. Bien que ces personnes soient en théories libres de partir, le manque de revenus les oblige à rester dans ces endroits où elles sont très peu payées, logées et nourries et, selon les cas, plus ou moins bien traitées...
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Sources:
José de Mesa, Teresa Gisbert, Carlos D. Mesa Gisbert : HISTORIA DE BOLIVIA; 4ème édition, Editorial Gisbert, La Paz, 2001
Wikipedia: Le commerce triangulaire